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BCE : une baisse du taux directeur au-delà de juin pourrait être appropriée

La Banque centrale européenne baissera probablement ses taux directeurs en juin, préconisant la prudence au-delà de cette échéance en raison des incertitudes sur les perspectives d’inflation. Après plusieurs années d’inflation « très élevée » et de hausse des prix avec les risques qui en découlent, avancer le calendrier des réductions de taux risquerait d’assouplir prématurément la politique monétaire. « De nouveaux progrès en matière d’inflation, et en particulier sur l’inflation domestique, qui s’avère plus difficile à maîtriser, sont nécessaires pour renforcer la confiance dans un retour durable de l’inflation à notre objectif de 2% en 2025 au plus tard », précise la BCE.

Par ailleurs, la BCE ne peut s’engager à l’avance sur une trajectoire spécifique de taux en raison de la « très grande incertitude » concernant les perspectives d’inflation. « Depuis le début de l’année, quatre baisses de taux ont été anticipées pour les Etats-Unis et trois pour la zone euro », souligne la banque.et d’ajouter : «La corrélation des attentes en matière de politique monétaire dans les deux blocs reste élevée au regard des données historiques. Cela s’est traduit par des mouvements de taux de change plutôt limités de l’euro par rapport au dollar américain depuis le début de l’année ».

Une croissance accélérée de 3,4 % dans la région Semed

Selon son dernier rapport sur les perspectives économiques régionales, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement prévoit une croissance moyenne accélérée du produit intérieur brut (PIB) de 3,4 % en 2024 dans la partie méridionale et orientale du bassin méditerranéen (région Semed).

Dans la région Semed, la croissance devrait prendre de la vitesse et passer de 2,7 % en 2023 à 3,4 % en 2024, puis à 3,9 % en 2025, dans la mesure où les effets des programmes et réformes de stabilisation économique se font sentir. Cette estimation est néanmoins plus basse que les précédentes pour l’année 2024, due au ralentissement de la mise en œuvre des grands projets d’investissement public en Egypte et des répercussions de la guerre à Gaza.

Dans l’ensemble, la région a fait preuve de résilience face à la guerre à Gaza et à la montée des tensions politiques et sécuritaires régionales au cours des derniers mois, bien que la Jordanie ait connu une baisse du tourisme et des investissements et que la Tunisie soit toujours aux prises avec des difficultés financières.

En Egypte, les engagements récents de partenaires internationaux, notamment le programme élargi du Fonds monétaire international (FMI), ont plus que compensé la réduction des recettes provenant du trafic maritime du canal de Suez. L’appui du FMI et des donateurs internationaux a contribué à stabiliser l’Egypte, la Jordanie et le Maroc sur le plan macroéconomique. L’inflation a reculé dans toute la région, sauf en Egypte où elle reste supérieure à 30 %. La région suit globalement une trajectoire de consolidation budgétaire pour 2024, tout en cherchant à maintenir des investissements vecteurs de croissance et une protection sociale ciblée.

En Tunisie,  La croissance tunisienne devrait reprendre avec vivacité, et passer de 0,4 % en 2023 à 1,9 % en 2024 et 2 % en 2025, grâce aux efforts en matière de réforme et à la poursuite de la consolidation budgétaire, alors que les risques macroéconomiques ont été quelque peu maîtrisés.

L’économie du pays a ralenti en 2023 à 0,4 %, contre 2,6 % en 2022, en raison d’une sécheresse qui a touché le secteur agricole et d’une chute des ventes de phosphate. Ces facteurs n’ont été que partiellement compensés par la croissance des secteurs du tourisme, des services financiers et de l’industrie. Dans ce contexte, le chômage a augmenté pour s’établir à 16,4 % au dernier trimestre 2023 et l’inflation était de 7,5 % en février 2024.

En Egypte, la croissance économique devrait ralentir pour s’établir à 3 % sur l’exercice 2024, contre 3,8 % sur l’exercice 2023, alors que la baisse de devises et les incertitudes liées aux réformes pèsent sur les perspectives économiques. La croissance devrait atteindre 3,9 % pour l’année 2024 et 4,4 % en 2025. L’activité économique a reposé sur les dépenses publiques, ainsi que sur les secteurs du tourisme, de la construction et des services.

Les perspectives pour l’exercice 2025 sont plus favorables, la croissance devant reprendre pour atteindre 4 % grâce à un soutien considérable des donateurs et à la stabilisation macroéconomique dans le cadre d’un programme révisé du FMI approuvé en mars 2024.

La récente dévaluation de la livre égyptienne pourrait redynamiser les investissements étrangers et nationaux, surtout si elle s’accompagne de réformes structurelles. Parmi les risques à la baisse figurent les taux d’intérêt élevés, la persistance d’une inflation élevée (qui devrait rester à 34 % en 2024) et l’escalade des tensions régionales, susceptibles de menacer la confiance des investisseurs, le tourisme et les échanges commerciaux.

Pour ce qui est de la Jordanie, et malgré une croissance solide, les répercussions de la guerre à Gaza, qui se prolonge, devraient entraîner un ralentissement de la croissance, qui passerait ainsi à 2,4 % en 2024, contre 2,6 % en 2023, en raison de la baisse des entrées de touristes et des investissements étrangers, ainsi que des reports de dépenses de consommation en période d’incertitude. Une légère reprise de la croissance économique, à 2,6 %, est prévue pour 2025, sous réserve de l’amélioration du contexte géopolitique. Le chômage est resté élevé, à raison de 21,4 %, au dernier trimestre 2023, avec des taux plus élevés chez les femmes (29,8 %) et les jeunes (42,4 %).

Au Liban, le rapport a fait ressortir une augmentation du PIB de 0,2 % en 2024, plombé par les risques géopolitiques, l’inaction politique et les retards de la réalisation des réformes. La croissance pourrait accélérer pour atteindre 3 % en 2025 si les tensions régionales s’apaisent, qu’un programme du FMI est mis en place et que la mise en œuvre des réformes avance.

Les réserves de change sont toujours à un niveau exceptionnellement bas mais ont légèrement augmenté en 2023 grâce à une hausse des envois de fonds et des entrées de touristes. En vue d’harmoniser les nombreux taux de change, la Banque centrale du Liban a pris plusieurs mesures, notamment l’élimination progressive de la plateforme de taux de change Sayfara, en même temps que la loi de finances générale pour 2024 fixait le taux de change à un niveau plus proche de celui du marché noir. Dans ce contexte, le taux du marché s’est stabilisé autour de 89.700 livres pour un dollar des États-Unis depuis la fin du mois d’août. L’inflation est tombée à 123 % en février 2024, après avoir atteint un pic de 352 % en mars 2023, grâce à la baisse des prix de l’énergie et des denrées alimentaires.

Le dernier pays, qui est le Maroc, son économie a fait preuve de résilience face au séisme de magnitude 6,8 qui a provoqué des destructions généralisées dans les montagnes du Haut Atlas, près de Marrakech, en septembre 2023. Le chômage a augmenté jusqu’à 13 % à la fin de 2023, tandis que l’inflation s’établissait à 0,3 % en février 2024. La croissance devrait rester globalement stable en 2024, à 3 %, et accélérer en 2025 jusqu’à 3,6 %, poussée par la reprise de la demande extérieure et de l’investissement public.

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